Nicolas Ullmann Mille Visages: BURN

Suite à l’incendie de son appartement en mars 2009, Nicolas Ullmann a eu l’idée de faire venir ses amis photographes pour le mettre en scène dans les décombres. Le résultat :

20 séries originales de personnages incarnés par Ullmann.

Ces images ont étaient exposées à la Galerie Chappe, accompagnées d’objets emblématiques de sa vie de collectionneur et de musicien abîmés par les flammes.

Le vernissage de l’exposition a donné lieu à un micro concert donné par la bande de musiciens qui entourent Ullmann (dont Yarol Poupaud, les Mantis) reprennant des chansons « brûlantes ».

Cci-joint : la liste des photographes participant.

L’exposition est produite par Elegangz.

ARNAUD BAUMANN

BAUDOUIN

BERTRAND JACQUOT

CHRISTIAN WIGERT

CHRISTOPHE Mc PHERSON

DENIS ROUVRE

DIMITRI COSTES

EMMANUELLE BOUSQUET

EMMA PICQ

JEAN PICON

JEAN-BAPTISTE MONDINO

JEFF MANZETTI

JULIEN WEBER

KEFFER

LISA ROZE

NICOLAS DELORME

OLIVIER SEIGNETTE

PAUL BLIND

SONIA SIEFF

YOURI LANQUETTE

ZOE KOVACS

EDDIE BRIERE

Selon la légende, le phénix était un oiseau de grande taille, aux ailes multicolores et

scintillantes, à l’envol frôlant le soleil, avant de se consumer dans les flammes pour

renaître de ses propres cendres. Lorsque Nicolas Ullmann, figure flamboyante des nuits

parisiennes, chanteur, acteur, performer et homme-orchestre aimé de tous arrive un

soir d’avril 2009 devant son appartement ravagé par les flammes, le vent favorable qui

l’avait toujours porté jusque-là commence à tourner au gel.

Dans le nid qui fut d’amour, crépite tout ce qu’Ullmann avait amassé de disques, VHS, jouets, figurines de groupes de rock, jouets de collection et vintage, costumes et perruques en tous genres, faux-ventres et vraies moustaches, chapeaux, photos, guitares, instruments incongrus, livres rares, tout un beau bric-à-brac collecté avec l’âme d’enfant qui est la sienne et dont il amuse la capitale avec tant de générosité.

Grâce à lui et à ses belles facéties, bien nombreux sont ceux qui ont oublié leurs soucis le temps d’une nuit au Cabarock, ou dans des concerts où il vole la vedette aux groupes avec son énergie contagieuse. Mais ce soir, c’est le

propre décor du feu follet qui part en fumée. Là où d’autres se seraient effondrés, notre oiseau de nuit réagit immédiatement, entre les camions de pompiers et les lances à incendie, il appelle Julien Weber, photographe, afin d’immortaliser la scène, la figer, dans un geste de conjuration, de capture, affirmant ne pas vouloir vivre ce drame de manière lambda, de le transformer à sa sauce. Dans l’appartement détrempé et nimbé de suie, les disques ont fondu, apparaissent ici et là les restes d’un costume, d’un accessoire de scène, une demi-chemise hawaïenne, une poupée Kiss disloquée par la température.

Ullmann pose dans les décombres, déguisé, nu, grand guignol. Ce qui a commencé dans l’urgence devient une performance artistique pour cet acteur né, fan de Cyndi Sherman.

L’histoire part comme trainée de poudre, et dans les semaines qui suivent, les photographes défilent pour immortaliser l’hurluberlu fan de rock’n’roll en son décor de cendres. Mondino, Youri Lanquette, Lisa Roze et bien d’autres…

The show goes on, cette fois, pas pour divertir les parisiens fatigués, mais pour conjurer le sort. Les costumes de clown ont brûlé, il est temps de faire table rase. Ullmann, un peu étouffé par son personnage et la spirale des fêtes, saisit l’occasion pour se retourner vers ses premiers amours, la comédie, la création artistique. Devenu archéologue de sa propre vie, il continue tous les jours d’aller fouiller dans les décombres noircis et gluants, en extraire les pépites ; on continue de le shooter dans sa chasse aux reliques. Ces images étranges, poétiques, dérangeantes font aujourd’hui

l’objet d’une exposition à la galerie Chappe. Il y apparaît comme ce qu’il est, drôle, généreux, avec un sens aigu de l’auto-dérision, de la mise en scène, et un peu de la mélancolie enfantine qui passe parfois dans son regard. Tiphaine

Ressort, sa commissaire d’exposition, les a voulues tirées sur papier hautement inflammables et punaisées comme des posters d’adolescents, dans toute leur fragilité. Des objets qu’Ullmann a retrouvé dans le maelström, maltraitées par

le feu et l’eau accompagneront les images. Ce reliquaire, testament barock ‘n’ roll, s’ouvrira avec un concert au set très brûlant. Une vraie fête, bien sûr, car de tout bois, Ullman sait faire jaillir l’étincelle, et c’est pour ça qu’on l’aime.

Georgina Tacou